Drapeau de l'Italie pour illustrer un article sur le tourisme italien en Corse et sa logique durable.

Tourisme italien en Corse : un allié culturel, linguistique et durable

Selon les chiffres officiels de l’Agence du Tourisme pour la Corse pour l’année 2022, la clientèle étrangère représente 27% de la fréquentation globale observée sur notre ile. Au sein de cet ensemble, les Italiens arrivent en première position (27%), devant les Allemands (24%) et devant les visiteurs en provenance de la Suisse (10%).

En dépit d’une présence notable sur notre territoire, le touriste italien n’a plus la prédominance qu’il pouvait avoir par le passé parmi les visiteurs étrangers. En dehors des principales zones traditionnellement prisées par les touristes de la péninsule (grossièrement de Solenzara à Bonifacio), on peut être surpris par le manque relatif d’effort porté sur cette clientèle en particulier. Communication orale ou sur support physique : français et anglais prédominent, l’un pour la logique territoriale (et celle des chiffres de fréquentation) ; l’autre comme fourre-tout commode.

Les efforts portés vers le marché italien par la Collectivité Territoriale de Corse vont dans le bon sens en dépit de quelques erreurs d’appréciation parfois. On pense à la campagne publicitaire observée à Milan il y a quelques temps. « Naturalmente Corsica » n’a pas la même interprétation en italien qu’en français. Cependant, on peut imaginer aller beaucoup plus loin et surtout intégrer la dimension touristique italienne à la logique de développement en Corse d’un tourisme durable, culturel, novateur et protecteur.

Voici en quelques points les raisons pour lesquelles le tourisme italien en Corse est facteur indissociable, primaire, du développement durable sur notre ile.

Proximité géographique accrue, impact environnemental réduit

Autant débuter par la plus grosse des évidences. L’Italie est proche, la desserte maritime vers la Corse depuis le continent (Livourne, Gênes et Savona) et la Sardaigne permet à la population un accès à notre ile (relativement) facile et régulier. Nous gagnerions évidemment à disposer d’une desserte régulière entre Bastia et Civitavecchia (Rome), mais en l’état l’accessibilité maritime Corse-Italie permet d’envisager les choses sous un angle favorable.

Surtout, la proximité est synonyme d’impact écologique réduit. Des visiteurs qui viennent d’un territoire accessible en moyenne à 6 heures de transport maritime réduisent nécessairement leur impact écologique, au regard du contingent arrivant de la métropole.

Favoriser le travail de votre activité en vue de capter l’attention de la clientèle italienne, c’est déjà faire un premier pas vers la limitation de l’impact écologique.

Une histoire commune comme levier du tourisme culturel

Les siècles d’histoire partagée entre la Corse et la péninsule italienne (au sens géographique et culturel, on anticipe la remarque sur la date de la proclamation de la République) est un trésor encore largement sous-exploité. Les italiens sont pour beaucoup très attachés à l’histoire de leur peuple et de ceux dont il a croisé la route.

Les liens historiques, artistiques, traditionnels qu’il est possible d’établir sont nombreux et constituent une base formidable pour la création de produits touristiques tournés spécifiquement vers les italiens.

Visites, ateliers à thème, événements : les possibilités sont nombreuses et contribuent à la sauvegarde d’un patrimoine humain. Les italiens au sens large, les liguriens plus particulièrement, sont aussi très curieux d’en apprendre plus sur les raisons qui provoqué la scission entre la Corse et la République de Gênes, et par extension le début d’une destinée différente pour notre ile au regard du reste de l’archipel toscan.

L’intercompréhension : un atout formidable et sous-exploité

L’intercompréhension entre un locuteur corse et son homologue italien est considérée comme une évidence chez nous. Mais dans les faits, est-ce que cela se traduit de façon aussi naturelle et systématique ? Surtout, exploite-t-on véritablement cet atout dans nos entreprises ?

Si le touriste italien apprécie toujours de trouver auprès de la population locale quelqu’un avec qui parler et dont il comprend la langue en dépit de ses spécificités, le constat est très différent dès lors qu’il s’adresse à un professionnel, un salarié. Souvent, on observe ce touriste italien et cet employé corse échanger… En anglais, faute de mieux.

On valorise trop peu le Corse comme un atout de poids au moment du recrutement des futurs collaborateurs. On gagnerait pourtant à le faire, pour assurer non seulement une prise en charge optimale de la clientèle italienne, mais également pour soigner son image de marque auprès de ces mêmes clients.

Il faut aussi considérer, au-delà du « gain », l’apport que cela représente pour la dynamique durable du tourisme en Corse. Le tourisme durable c’est le respect de la nature mais également la sauvegarde et la valorisation du patrimoine immatériel. Quel genre de territoire sera la Corse lorsque sa langue aura disparu ? Peut-on vraiment envisager d’exploiter une coquille vide ?

Participer à la sauvegarde culturelle et sociale en faisant de la langue corse un outil professionnel est un moyen de créer du rapport gagnant/gagnant à tous les niveaux.

Un marché clé pour le développement de formes de tourisme différentes en Corse

On considère souvent le touriste italien sous l’angle du voyageur intéressé surtout et avant tout par le farniente, si possible du côté littoral. Il y a derrière chaque cliché une certaine part de vérité, mais il serait dommage pour le développement de nos activités de s’arrêter là.

Pour prolonger l’approche du tourisme culturel dont nous avons parlé un peu plus haut, il faut se rendre compte que le tourisme italien émetteur à l’échelle nationale est porté par un désir de découverte culturelle. La question de la durabilité est également de plus en plus centrale pour les Italiens. C’est ce que l’on apprend des études de clientèles portées par Atout France. Cela doit nous faire dire que le décalage entre le tourisme italien que nous avons et celui que nous souhaiterions peut-être tient à ce que nous sommes capables de proposer.

Si la Corse n’a évidemment pas les atouts des grandes destinations et pourrait être hésitante à l’idée d’attaquer le marché italien sous cet angle qui est une véritable fierté nationale de l’autre côté de la mer, il faut cependant considérer notre patrimoine architectural mais surtout traditionnel, social et naturel comme un atout de poids. Les Italiens seront surement sensibles à la ferveur, l’attachement profond à chaque chose qui a cours dans notre ile. Selon les données 2017 de l’Agence du Tourisme pour la Corse, les Italiens sont 18% à voyager en Corse pour un motif culturel. Est-ce que ce chiffre largement perfectible tient à ce dont nous disposons ou bien à notre façon de l’exploiter ?

Mais c’est aussi du côté du tourisme d’affaires qu’il y a quelque chose à développer. Cela dépendra bien sûr de la volonté partagée entre les institutions corses et italiennes de créer les passerelles aériennes nécessaires à cela (les choses, depuis peu, avancent). On peut alors imaginer la Corse, sachant que la France est dans son ensemble la 2nde destination « affaires » des italiens, comme une option de choix, dans la mesure où elle se dote d’une offre adaptée à la problématique durable.

Travailler avec les italiens, c’est une piste sérieuse selon nous pour promouvoir un tourisme d’affaires « vert », novateur, proche et exempt par définition des contraintes saisonnières. Il y a quelque part une certaine antinomie entre tourisme durable et recours à l’aviation, mais on en revient à l’argument de proximité qui a ouvert cette réflexion, et on peut imaginer travailler concrètement sur les produits une fois sur place pour compenser le bilan carbone causé par le voyage en avion.

Attirer le public italien pour s’insérer sur son marché

Au-delà de la captation directe du marché italien, on peut prendre en considération également qu’il est le cinquième marché récepteur mondial en 2018 avec 62 millions de touristes étrangers accueillis sur son sol.

Créer des passerelles avec l’Italie par une coopération touristique accrue c’est aussi se positionner chaque année un peu plus près de ces grandes clientèles étrangères qui portent un grand intérêt pour l’Italie. On pense aux asiatiques et plus particulièrement aux chinois et japonais, très demandeurs de cette destination.

On n’accueillera certainement pas des asiatiques par grands groupes du jour au lendemain en Corse parce que nous forçons notre attrait envers l’Italie. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas ce que vous et nous voulons. Mais il y a fort à parier que toujours plus de coopération peut ouvrir des portes, donner une certaine image de la Corse. En la prenant en considération, en la travaillant sur l’angle de la qualité et de la durabilité, il y a certainement un axe pour s’insérer sur le marché comme une destination supplémentaire, alternative, idéale pour compléter la visite de l’Europe et plus particulièrement de la zone thiréenne d’un point de vue étranger.

 

Voilà donc ce qui représente selon nous un ensemble de raisons et de pistes à exploiter en tournant le regard vers l’Italie. Il est un partenaire accessible. Par l’addition de sa proximité et des liens historiques et culturels qui nous unissent, un choix de premier ordre pour quiconque veut entreprendre un travail de fond sur sa logique touristique et durable.

Si certains points que nous avons évoqués sont des souhaits plus que des idées, il y a tout de même bien des choses qu’il est possible, à nos échelles respectives, de mener pour le bien de nos activités et de notre ile.

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Image de couverture par Stefan Schweihofer de Pixabay